J 19 - J 24

Publié le 12 mars 2022 à 23:00

J 19

 

6h45 : Déjà réveillée. Un p’tit café et je me mets à l’écriture pendant que la maison se réveille en douceur. Le vent d’hier combiné à la brusque remontée des températures à changé le paysage. La neige a fondu vitesse grand v et les alentours ressemblent d’avantage à une ferme dorénavant. Je recoupe du bois ce matin, mais cette fois en petites allumettes, celles qui bruleront rapidement. Le travail est un peu plus minutieux et un peu plus chiant. La position est inconfortable accroupie dehors, mes genoux me font mal, et mon dos aussi. Mes gants me gênent alors je travaille sans, mais hors de question de me plaindre, il faut le faire. Faisons-le. 

11h : On tente une sortie des poules ce matin. J’espère de tout mon coeur qu’Oïkia ne fera pas de bêtises alors je veille au grain. Elle veut jouer, je la reprends à chaque fois qu’elle commence à courir après l’une d’elle. J’espère que dans quelques jours leurs présences lui seront indifférentes. 

16h : Quand on vit dans une famille pendant un mois, on partage la vraie vie. Pas celle affichée lors des soirées polies entre amis qui cache soigneusement et pudiquement les casseroles que tous les monde a. Aujourd’hui c’était le jour des casseroles, et mon dieux, quelles casseroles… Une véritable batterie de cuisine. Ne dérogeant pas à la règle Carrie me parle de tout sans tabou, et elle pleur dans mes bras, et je pleurs dans les siens. J’ai encore plus d’admiration pour la femme qu’elle est devenue aujourd’hui après ce que je viens d’apprendre. Si vous saviez comme c’est frustrant de réconforter quelqu’un sans parler sa langue. J’aurais mille chose à lui dire pour effacer ces larmes, mais mes mots sont limités, c’est déjà tellement dur parfois de trouver les mots justes pour aider quelqu’un dans une situation difficile. Pourtant un simple câlin, un regard très sincère et tout est dit. 

18h : En une heure c’est un nouveau paysage qui s’affiche dehors. La neige est retombée à gros grain, en offrant une nouvelle couverture blanche à tous les environs. 

 

J 20

 

10h : Ce matin j’apprends à tisser la laine. A l’aide d’une grande machine que j’actionne dans un mouvement de pédale avec mes pieds la laine s’enroule sur une bobine après être passée entre mes doigts. La difficulté du geste réside dans la coordination puisque mes deux mains font quelque chose de différent, ainsi que mes pieds. 

11h : Après cet exercice méticuleux vient le deuxième : tricoter. J’ai appris il y a plusieurs années mais j’ai tout oublié depuis. Je préfère les explications visuelles aux explications en anglais. Les termes sont un peu techniques pour moi, même si j’essaye de noter les principaux. Les gestes me reviennent vite, peut être par souvenir, peut être par habilités de mes mains stimulées par mon travail,  peut être un peu des deux. C’est assez satisfaisant. 

15h15 : Ode, le « gentle giant » pour les intimes ne mange pas beaucoup depuis quelques jours. Un peu apathique, Carrie s’inquiète et a pris un rendez-vous chez le vétérinaire cet après midi. 340 $ plus tard nous ressortons sans grandes réponses à nos questions. 300$ de plus ont été évités pour un simple test sanguin « au cas où ». 

19h30 : J’ai fais le plus beau gâteau de ma vie. En l’honneur des femmes (la journée de la lutte pour les droits de la femme en fait…) la petite famille à voulu faire un gâteau. Mon premier carotte-cake est plutôt réussi, à en voir leurs mines réjouies c’est même un succès. 

 

J 21

 

8h30 : Nouveau défis pour moi : les abeilles. En venant dans une ferme de lavande je me doutais que je ne pourrais pas y couper. Ceux qui me connaissent savent quel exploit cet effort représente pour moi. Je n’ai pas peur de grand chose, je n’apprécie pas les insectes mais m’en accommode et ai côtoyé un certains nombre d’entre eux lors de mes périples en Guyane, Mayotte, et autres séjours vacanciers. Les serpents ne m’effraient pas plus que ça et je me suis déjà baignée avec des caïmans. Mais mettez moi à coté d’une abeille et la crise de panique est assurée. Je suffoque, panique, pleurs, supplie, une vraie mauviette. Les abeilles de Carrie sont à quelques centaines de mètres, les chiens de la maison sont du voyage mais je décide de ne pas prendre la louve, j’ai assez de moi à gérer. 

8h35 : Quelle idée de ne pas me couvrir plus que ça, j’ai pris uniquement mes gants et mon manteau, maintenant je me les cailles. 

8h45 : Elles sont toutes mortes… L’hiver elles restent collées les unes aux autres, au chaud dans leur ruche mais visiblement une erreur de parcours a terrassé toute la maisonnée. Je ne sais pas comment Carrie fait pour les toucher ainsi, sans gant. Même mortes, je me tiens à un bon mètre cinquante de distance. Elle semble très déçue et en colère contre elle même, je me fais oublier, ça fait un sacré nombre de mauvaises nouvelles ces derniers temps. 

9h30 : Aujourd’hui c’est menuiserie : on s’occupe de certaines finitions de la maison, notamment les montants de portes et plaintes de la salle de bain. Je mesure, coupe (le bois, pas mes doigts), ajuste, porte, clou, visse, dévisse, et j’adore ça. Si seulement tout pouvait être aussi simple. Les plans de mon van sont un vrai casse tête, même si je suis sure que le résultat en vaudra la peine, je passe un nombre incalculable d’heure à mettre en place mon projet, j’avoue avoir un peu de mal à décrocher parfois. 

19h : J'ai cuisiné une quiche lorraine pour ce soir. Rien de plus simple, pourtant ils sont ravis. Pourquoi s'embêter à faire de la grande cuisine ? 

 

J 22

 

19h30 : S’il y a bien une chose universelle ce sont les Disney. Comme une vraie famille tout le monde s’installe dans un petit coin de salon, les uns contres les autres, chiens, chats, et humains pour retomber tous en enfance. John ris aux éclats, Emma connait les dialogues par coeur, et moi je me sens comme à la maison. 

 

J 23

 

18h : Carrie chante ce soir. Le bar n’a pas l’air très fun, donc Emma et moi avons décidé de rester à la maison. Je découvre un peu plus ma colocataire, puisque les conversations sont forcément différents en présence d’une figure parentale. C’est drôle cette impression que j’ai parfois : un jour j’ai l’impression de faire des progrès, d’être plutôt à l’aise, et le lendemain la sensation de ne rien savoir faire comprendre ni exprimer. C’est tellement frustrant parfois. 

20h : Un pot de glace, du beurre de cacahuète et un film de nana, y a que ça de vrai. 

 

J 24

 

12h : Je crois que je fais des progrès. Carrie aussi progresse en français, et j’ai conscience que dans ce sens c’est beaucoup plus dur. La langue française est tellement complexe que je suis bien contente de ne pas avoir à l’apprendre. 

20h30 : Je passe une journée de plus le nez dans mes plans. Quelques courses ce matin, quelques donuts engloutis, et le soir est déjà la. Le temps passe vite et je ne sais toujours pas ce que je ferais par la suite. J’ai contacté plusieurs personnes, épluché pas mal de site, me suite inscrite sur différentes plateformes. Je croise les doigts pour trouver une solution dans les prochains jours. 

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