Lundi 3 Février 2020

J 1 

 

7h30 : Le réveil sonne. Alex m’attire à lui pour un bisou ensommeillé et sort déjà du lit. Je profite qu’il soit dans la salle de bain pour m’extirper de mon nid sur la pointe des pieds afin de lui faire couler un café. Je l’attends à moitié endormie sur le canapé et lui raconte mes rêves pendant qu’il déjeune. 

8h : Il me quitte pour rejoindre sa maîtresse, la salle de sport. Après un rapide baiser sur le front je me rendors dans notre lit douillet. 

9h30 : Une caresse me tire des profondeurs du sommeil, cette fois-ci il est l’heure de s’activer. Je prépare un petit déjeuner de champion pendant qu’il est sous la douche, et les vacances commencent. Sur la table pain grillé, beurre, chocolat chaud, beignet, fromage blanc, fruits : de quoi se remplir la panse comme il se doit pour le long voyage qui nous attend.

10h15 : Pour une première on voyage léger. Accompagnés seulement d’un sac-à-dos chacun, c’est assez agréable de ne pas partir encombrés. Les boots et manteaux prennent un peu trop de place, on porte un grand sac en plus mais c’est léger. De toute façon nos billets d’avions ne comprennent qu’un bagage par personne, une fois à l’aéroport on va devoir se débrouiller pour tout faire rentrer. 

10h30 : Les fesses posées dans le métro nous nous dirigeons vers la navette qui nous amènera jusqu’à l’aéroport. On est partis bien en avance mais les billets low-cost que j’ai pris nous obligent à traverser Paris et à débourser plus cher pour aller jusqu’à l’avion que pour le prendre. Alex s'endort déjà dans le bus, épuisé de sa séance matinale.

12h45 : Arrivés à l’aéroport de Beauvais, on mange sur le pouce avant de passer les douanes puis on s’habille pour n’avoir que nos deux sacs à embarquer. Je me retrouve en boots et doudoune Décathlon spécial grand froid dans la file d’attente. Mes baskets ne rentrent nulle part, il faut qu’on improvise : chacun en prend une dans sa poche. 

13h40 : A peine les contrôles passés, il est l’heure d’embarquer dans l’avion. Dans la file d’attente menant à la cabine je grelote, il fait froid dehors mais ça n’est rien comparé à ce qui nous attend. 

14h : Pour ne pas payer de frais supplémentaires Alex et moi ne sommes pas assis à côté pour le vol. Les roues quittent le sol, et pendant que je m’envole vers Stockholm je m’en vais aussi dans les bras de Morphée. 

16h30 : Après 2h20 de sieste le voyage est terminé. En sortant de l’appareil le froid est moins mordant que ce que je ne le pensais et je suis surprise de constater qu’il n’y a pas de neige. Sans perdre de temps on se dirige vers les stands de locations voitures avant de changer quelques euros en couronne Suédoises (Sk). 10 couronnes Suédoises valent 1 euro, les calculs seront faciles. Mon anglais est un peu rouillé mais je peux compter sur mon meilleur allié pour assurer les échanges. 

17h : Petit casse-croute acheté, on continue notre périple avec 6 heures de voiture direction plein nord. La cacahuète qu’on a loué a l’air de bien cacher son jeu et les kilomètres s’avalent au fur et à mesures de nos conversations sans qu’on n’y prête plus d’attention. 

18h30 : Premier arrêt avant que les grandes surfaces ne ferment. Waze nous guide vers un Lidl. Trois enseignes pour le prix d’une, toutes côtes à côtes, on a l’embarras du choix. Choix pris au hasard on fait nos emplettes un peu perplexes. Les noms des produits sont plus compliqués les uns que les autres et au milieu des rayons bio/végans on trouve des articles pour le moins surprenants : des blancs d'œufs en boite, des tubes de fromages liquides en tout genre et des sauces peu connues. On y trouve aussi le bonheur d’Alex : du vrai bacon à l’Américaine. Aller c’est les vacances, on dira rien sur le régime et ça nous fera un bon petit dej demain matin. Mon penchant pour le sucre est rapidement encouragé quand je tombe sur un rayon entier de friandise vendues en vrac : mon rêve à moi. 

17h30 : C’est reparti. On papote, et l’heure tourne. Le moteur aussi du coup, l’essence flambe vite. Quand l’avant-dernière jauge est atteinte on commence à s’inquiéter de ne pas avoir vu de pompe à essence depuis un bout de temps. Waze est notre ami et je guide mon pilote vers une station à quelques kilomètres de notre trajet. Depuis quelque temps déjà la neige tombe et borde notre chemin, la température a chutée et je me permets de faire une blague sur la mauvaise aventure qui pourrait nous tomber dessus si une panne d’essence arrivait. Après quelques détours sinueux, collés dernière un camion le doute s’installe. C’est bizarre comme endroit. C’est bizarre comme pompe. C’est bizarre il n’y a pas de machine pour les cartes bleues. C’est forcément bizarre puisque c’est un endroit réservé aux poids lourds : demi-tour et on cherche ailleurs ! La réserve est bien entamée et fort heureusement on trouve quelques kilomètres plus loin. 

21h15 : Il est l’heure de manger. Max, l’une des grandes enseignes de fast-food Suédoise, qui fait concurrence au Mac do Français, fera l’affaire. 

00h30 : Notre voiture s’engage sur un pont pour retrouver la cabane dans les bois située sur l’île de Svanö, que j’ai trouvé sur Rb&b. Notre hôte a communiqué avec nous en anglais mais aussi dans un français parfait. Il nous a indiqué le chemin pour trouver l’adresse exacte et selon ses explications une maison jaune doit rester sur notre droite. C’est dommage puisque toutes les maisons de l'île sont de cette même couleur. Une fois l'île faite en long et en large on fini par trouver notre petit coin de paradis pour les deux prochaines nuits. La cabane est toute en bois, et la totalité de l’une des façades est en baie vitrée, c’est magnifique. Aussitôt arrivés, on s’habille chaudement : leggings, jean, deux paires de chaussettes de ski, boots, t-shit thermolactyl, pull, manteaux, bonnet, gants, tout y passe. On s’aventure pour notre première balade en vrais petits bibendums. Alors qu’on se rapproche en voiture, quelque chose bouge devant nous :

“Regarde bébé, regarde !” J’écarquille les yeux quand Alex me répond : “Ouah, c’est des rennes !”. Si tôt vus, si tôt évanouis dans la nature le mystère persiste : comment ont-ils fait pour venir sur l’île ? On marche près de la rive et bien que le ciel soit couvert, les alentours sont splendides. Les aurores boréales qu’on a tant espéré voir ne se montreront pas ce soir, le temps ne s’y prête pas. 

2h : Épuisés, on s’endort l’un contre l’autre. 

 

J 2

 

10h30 : Le réveil est doux, les rayons de soleil perçant les branches de la forêt nous chatouillent le nez. Mes deux mois d’absence nous ont fait manquer de tendresse, et je me colle à mon amoureux autant qu’il est possible de le faire. Les doigts entremêlés on ouvre timidement les yeux avant de se lever pour un petit déjeuner digne de ce nom. 

Je me mets aux fourneaux, casse les œufs, brouille l’omelette, frit le bacon, découpe le pain, épluche des fruits puis les sert avec amour. 

12h : Je suis frigorifiée, Alex allume un feu et additionne les couvertures pour me réchauffer. Je m’endors après un petit moment, au près du poêle avec vue sur la forêt alors que le feu lèche ma peau.

13h30 : Quelques baisers me tirent de mon sommeil. “Aller mon amour, dans deux heures il fait nuit, ouvre tes petits yeux, je t’emmène en balade, tu vas voir c’est magnifique.”

Il s’est baladé dans les alentours sans moi et est revenu tout penaud quand il a vu des traces de loup dans la neige. Je le charrie, et plaisante sur les ours avant de faire une recherche succincte sur internet : on se trouve à l’endroit exact où les attaques de loup et d’ours sont les plus fréquentes. Par mesure de sécurité on choisi de sortir avec une hache, en cas d’attaque d’ours ça ne nous sera pas très utile mais avec un peu de chance si un loup nous tombe dessus on pourra s’en sortir. 

13h45 : Bien habillés on part à l’aventure. À peine la porte franchi le froid mord ma chaire, il fait -15 degrés. Alex m’emmène au près du lac qu’il a vu tout à l’heure. Je l’ai disputé il y a quelques minutes pour son insouciance : et s’il était passé au travers ? Mais me laisse convaincre par l’épaisse couche qui recouvre le lit d’eau jusqu’à perte de vue. Le blanc de la neige est éblouissant et le soleil est avec nous. Je marche prudente sur plusieurs centaines de mètres avant de constater des craquelures proche des mes pas : on fait demi-tour. Les traces d’animaux sont fréquentes, ils peuvent ainsi venir sur l’île sans problème puisque le gel leur offre un large chemin.

Après un bon petit tour on retourne à la cabane pour aller de l’autre côté de l’île en voiture. Cette fois-ci la randonnée est plus sportive. Alex veut absolument accéder à un point de vue, mais, partis à l’aveugle, on se perd dans l’épaisseur des flocons. À chaque pas mes pieds s’enfoncent de plusieurs dizaines de centimètres et je commence à pester. Alex m’encourage et connait mon caractère, encore quelques petits effort et nous somme récompensés par une vue à couper le souffle. Le soleil se penche sur le paysage et son coucher côtoie le paysage blanc avec beaucoup d’élégance. Les couleurs sont flamboyantes, saisissantes, magnifiques. On en profite un peu avant de se décider sagement à rentrer, avant qu’il ne fasse nuit. Jusqu’ici rien n’est balisé, il ne faudrait pas qu’on se perde. 

15h45 : Le retour en voiture est entamé. On décide d’aller faire quelques courses pour ce soir et demain matin. Après plus de 20 minutes de route, on rentre bredouille puisqu’aucun de nous n’a d’argent sur lui. Un peu déçus on se rabat sur des pâtes plus ou moins carbonara avant de se coucher pour une petite sieste. 

20h30 : Le réveille sonne. Rien ne va dans ce rythme. Les 7 heures de soleil par jour nous déphasent complètement.

21h : Bien emmitouflés dans nos vêtements, on embarque toutes les couvertures de la cabane, un pot de glace et un téléphone avant de filer dans la voiture. On cherche pendant quelques minutes l’endroit le plus sombre possible. La pollution lumineuse pourrait nous empêcher d’admirer les aurores boréales qu’on aimerait tant admirer. Une fois chose faite, on se blottit l’un contre l’autre devant une série espérant en voir jaillir une dans le ciel étoilé, patientant patiemment devant ce tableau naturel déjà inoubliable. 

00h : On finit par se faire une raison et capituler, un jour peut être, lors d’un prochain voyage. De retour au chaud on file au lit après une petite douche pour dormir un peu. 

1h : Je n’ai pas sommeil mais mon amoureux me rappelle à l’ordre : on se lève dans quelques heures, je dois être sage. Je l’embête encore quelques minutes et me laisse gagner par le sommeil. 

 

J 3 

 

5h : La nuit a été courte, Alex prend un petit dej avant le départ et à 5h40 on est déjà partis. Il prend le volant d’abord puis ça sera mon tours. Je ne suis pas assurée pour cette voiture de location, il fait nuit et les routes son gelées. Même du côté passager je ne suis pas très sereine. Inquiétude confirmée quand, sur l’autoroute, une voiture à notre niveau commence à perdre son contrôle. Après quelques écarts dûs à la route verglacée Alex accélère pour ne pas qu’il nous rentre dedans, le pauvre malheureux fini dans le décor et on ne peut même pas s’arrêter. À la vitesse à laquelle on roule, sur une telle route, ça serait de la folie. 

7h30 : Première pause repas. J’ai faim, et ça se voit. La serveuse s’amuse à nous répondre en français, puis un petit quart d’heure plus tard on est déjà repartis. Cette fois-ci je m’endors, plus sereine. Je suis épuisée mais luttais jusqu’à présent pour tenir compagnie à mon chauffeur. Comme je prends la route sur la dernière portion de chemin il vaut mieux que je me dorme un peu. 

10h : J’ouvre les yeux. Presque arrivés au niveau de Stockholm on décide qu’il me donnera le volant une fois le périphérique de la capitale passé. Quelques instants après on s’arrête pour une pause café et un échange des place. 

Alex tente de fermer les yeux sans grands succès et on papote en vraies pipelettes sur la fin de notre périple. 

12h15 : La voiture de location rendue, on tente d’acheter des billets navettes pour rejoindre le centre. En suédois c’est beaucoup moins facile. À force de déduction la mission est réussie et Alex mange un petit bout avant qu’on ne reprenne la route. 

13h15 : La navette démarre, il s’endort enfin. 

14h45 : Arrivés à Stockholm j’ai réservé pour une consigne afin de ne pas avoir à porter nos sacs pendant notre escapade de l’après-midi. Regagner dès à présent notre Rb&b nous ferait perdre trop de temps avant le coucher du soleil. Seul hic : pour ne pas payer de frais supplémentaires on doit faire en sorte que les restes de courses rentre dans nos deux sacs. Pas d’autre solutions, j’accroche mes baskets à mon sac et met nos derniers œufs (littéralement) dedans. Je prie pour que rien ne se casse, j’aurais l’air maligne sinon. 

D’ailleurs marcher en boots c’est bien compliqué. Je fatigue et Alex râle puisqu’on doit se presser. Il nous guide et nous fait partir d’abord dans le mauvais sens, ça lui apprendra. On se taquine mais la réconciliation est rapide, je n’arrive jamais à lui en vouloir bien longtemps. 

On se perd dans les rues, très organisées, alignées, propres, c’est fou la différence avec notre bon vieux Paris. On se laisse prendre au jeu et s’engouffre dans une grande église. On apprendra plus tard que c’est l’église royale, dans laquelle les rois sont sacrés. Elle est magnifique, et au milieu des murs tatoués d’or et de statues baignées d’argent on assiste à un spectacle pour le moins singulier : un pasteur chante avec une chorale, en suédois. À quelques mètres d’eux seulement, plusieurs SDF dorment sur les bancs profitant de la chaleur de l’imposante demeure. 

En arpentant la ville plusieurs choses me saute aux yeux. Les transports en commun sont très bien organisés, tout le monde sait parler anglais, mêmes les feux tricolores sont adaptés ! Un signal sonore permet aux non-voyants de traverser la route sans encombre. Des feux crépitent dans des bidons à quelques coins de rue. On s’y réchauffe les mains en observant les alentours. Comparés à nous les gens d’ici ne sont pas très couverts, pourtant le froid est sans pitié. 

16h : Notre choix s’est porté sur le Vasaamuset. Musée consacré à l’un des bateaux créé à l’époque pour le roi Gustav II Adolph. Par bêtises ou par mauvais goût celui-ci a pris des décisions peu intelligentes qui ont fait du Vasaa le bateau qui a flotté le moins longtemps. 20 minutes après son départ de la rive, celui-ci a coulé. Entrainant avec lui 64 canons, des richesses et statues à couper le souffle ainsi qu’une vingtaine de morts. 300 ans plus tard le bateau a été repêché et restauré. Digne d’un pirate des caraïbes la barque est splendide. Après un petit film en anglais on écoute la visite d’une guide, toujours en anglais. Alex est stupéfait de voir que je comprends la quasi-totalité de son discours. Pas si rouillée que ça finalement. 

17h40 : Le temps nous manque pour aller visiter le parc de Skansen. Skansen est un musée à ciel ouvert habité d’animaux en tout genre et arpenté par des furieux d’histoires déguisés jouant un rôle des temps anciens. Un peu déçus on rebrousse chemin pour aller récupérer nos sacs. 

18h15 : Chose faite on se dirige vers le marché couvert. Un peu septiques dans un premier temps, on prend les choses à la dérision quand on constate enfin ne pas être au bon endroit. Là on est dans une station de métro : raté. Le vrai marché, une fois trouvé, est bien mieux. Des étales de nourritures se déploient sous nos yeux ébahis et commencent à éveiller mon estomac qui s’était fait discret jusqu’ici. Viandes séchées d’élan, d’ours, des poissons frais, crustacés, fruits et légumes. Tout nous fait envie ! J’achète un petit plat pour ce soir avant de nous diriger vers le métro. Sur le chemin un spectacle féérique se dévoile à nos yeux. La nuit est tombée sur Stockholm, les lumières de fête habitent les arbres et une patinoire bondée a pris forme autour d’une grande place et de sa statue. Les gens patinent, heureux, insouciants. 

À la recherche d’un café, après trois tentatives peu concluantes on pousse la porte d’un “cofee mood”. Je lècherais presque la vitrine tant que tout a l’air délicieux. On se fait un vrai petit festin : Chocolat noisette, smoothie fraise, wrap piment-mangue-poulet, bagel végan et gâteau au chocolat. Il n’en reste pas une miette quand on part pour de bon. 

19h30 : Après quelques recherches d’itinéraire on achète des tickets au guichet de la station. J’apprendrais par la suite que ce sont les plus chers. Il faudra mieux les acheter dans les boutiques alentours la prochaine fois. Après plusieurs stations parcourues la journée de marche n’est pas terminée. Une montée m’est offerte et Alex se moque de moi gentiment. 

20h : Le propriétaire du petit studio que j’ai loué sur Rb&b nous attendait et nous fait faire un rapide petit tour. Toujours dans un anglais parfait, il nous remercie et s’efface rapidement. Après une petite douche, le plat acheté plus tôt est englouti et nos ventres bien remplis. 

22h : On papote encore et toujours, et on fini par se laisser cueillir par le sommeil. 

 

J 4

 

7h : Une grosse journée nous attend. J’ouvre un peu les yeux et profite des dernières minutes de ma nuit contre sa peau. 

7h30 : Cette-fois l’alarme sonne. Alex m’apporte un thé au lit pendant qu’un boit son café et me laisse me réveiller en douceur alors qu’il s’affaire à sa séance du jour. Plusieurs centaines d’abdominaux et de pompes plus tard je l’embrasse avant qu’il ne file à la douche et que je ne m’habille chaudement. 

8h : Au moment de partir impossible de remettre la main sur le cache-cou qu’il m’a prêté. Aussi tête en l’air qu’une enfant je m’excuse platement, et suppose l’avoir fait tomber hier sur le chemin du retour. 

8h30 : Cette fois on ne se fait pas avoir et on achète nos tickets dans un bouiboui à côté de la station de métro (2 euros d’économisés), je tente de payer avec ma carte qui fait des siennes depuis hier mais cela se résout par un échec. Pendant qu’Alex pose sa carte pour payer à ma place je plaisante un “on serait vraiment dans la merde si t’as carte passait pas, ah ah.”. Ah ah. J’aurais mieux fait de me taire. On a à peine de quoi nous payer un aller-retour en liquide. Je tente d’appeler ma banque pendant que mon estomac commence à se réveiller. Nous sommes le seul jour de la semaine où celle-ci ouvre plus tard. On décide de se rendre à destination quand même et croise les doigts pour réussir à régler le problème rapidement afin de pouvoir manger. Sur le trajet on calcule toutes nos possibilités et rien n’est bien joyeux. Sans argent on devra faire demi-tour avant que nos titres de transport ne soient plus valables, et se résoudre à manger des pâtes au beurre jusqu’à demain. Heureusement les tickets de navette et billets de train sont déjà payés ! 

9h15 : Je réussis à joindre le crédit agricole et le problème devrait être réglé. Avant de se diriger vers les endroits précédemment repérés pour le petit déjeuner on se perd dans une église et dans les rues de Gamla Stan, le vieux Stockholm. Les couleurs des maisons sont vives et les rues bien alignées, tout en gardant le charme d’une ville ancienne aux pavés décalés. 

9h30 : Après une première boutique fermée notre deuxième tentative se résume aussi à un échec. On arpente les rues à la recherche de notre dernière trouvaille du routard et c’est comme ça qu’on aime les découvrir. Le troisième essai était le bon. Notre dévolu s’est porté sur Sundbergs Konditori, pâtisserie réputée, elle est connue comme celle préférée par le roi Gustav qui aimait venir y déguster les meilleures pâtisseries de la ville. J’opte pour une princesstårta (tarte de la princesse) et Alex une omelette jambon fromage avec une Smörgås (tranche de pain de mie sur laquelle sont placés crevettes, saumon fumé, hareng, surmontés d’une tranche de concombre), je tente de régler avec ma carte et j’échoue encore. Je rappelle ma banque en vitesse avant qu’on ne soit servis, on aurait l’air bien bêtes. Cette fois-ci le blocage est levé, on va pouvoir profiter pleinement de la journée. 

10h30 : Notre premier repas englouti on se dirige main dans la main vers le bus qui nous emmènera à Hellasgarden pour une expérience pour le moins typique : les bains et saunas suédois.

11h : Arrivés à destination, je paie 140 Sk pour nous deux (7 euros chacun) et on se séparent par un dernier bisou avant de rentrer dans les vestiaires. La vendeuse nous somme de retenir le code avant de sortir dehors pour pouvoir re-rentrer. C’est noté. 

Arrivée seule dans un vestiaire vide je commence à me déshabiller et je sais qu’ici je n’ai pas le choix : la nudité est une obligation. J’enlève mes vêtements peu sûre de moi puis m'entoure minutieusement dans ma serviette. Seul hic : le sauna n’est pas indiqué, et si j’ouvrais la porte du hall d’entrée ? Vêtue comme je le suis j’aurais l’air bien fine. Finalement le premier essai était le bon, je m’engouffre dans le sauna des femmes, pour une durée de 15 minutes. Pas complexée le moins du monde, les femmes sont très libres de leurs corps. Installées nonchalamment dans la chaleur étouffante, un silence respectueux règle dans la pièce. Je ne quitte pas ma serviette, étant beaucoup trop pudique pour y arriver. Les 15 minutes passent, je sors doucement de la pièce pour la suite de l’aventure : le bain dans le lac gelé. Alex m’attend dehors, il me demande “Tu as retenu le code ?”. Évidement non, je me retourne au moment même où la lourde porte se claque devant mon nez et mon air dépité. Je frappe timidement à la porte, heureusement deux personnes viennent de rentrer et m’ouvrent sans rechigner. Je ressors pour rejoindre le ponton. La température extérieure est largement négative, je n’ose même pas imaginer celle de l’eau. La glace est brisée juste autour de l’échelle pour nous permettre la baignade. Cette fois-ci pas le choix, je dois me séparer de la seule petite épaisseur qui couvrait mon corps. Alex passe en premier puis c’est mon tour, je pose la serviette. Au fur et à mesure des échelons descendus et que l’eau recouvre ma peau je répète de plus en plus fort “Je te déteste, je te déteste, je te déteste” à ma moitié qui se délecte du spectacle. Une fois sortie de l’eau il me propose de rentrer, lui y retourne une deuxième fois. Très bien, je suis pas une dégonflée moi, j’y retourne aussi ! Le retour ne se fait plus attendre, le froid me fait tant mal aux pieds que j’ai l’impression de marcher sur des lames de rasoir. Je cours presque vers le sauna, puis replonge dans la chaleur frappante 15 minutes à nouveau. Cette fois-ci bizarrement beaucoup moins complexée je réussis à me séparer de ma serviette et de ma pudeur pour être beaucoup plus à l’aise. Après tout on est toutes différentes ici, les générations se côtoient et je souris quand je vois entrer deux mamies dans la pièce : elles sont nues également, enfin presque puisqu’elles ne se sont pas séparées de leurs chapeaux ! La note est drôle, je me dis à moi même qu’elles sont sacrément en forme pour venir faire ça à leur âge, j’ai moi-même des palpitations. Minutes écoulées, je prends une petite douche puis me rhabille doucement avant d’aller attendre Alex à l’accueil. 

13h15 : De retour en centre-ville, on se dirige vers le restaurant “Pélikan” que j’ai repéré sur mon routard. Pour ça on doit marcher un peu et tout en se rendant à notre destination on change de décors. En passant d’un quartier à un autre l’ambiance est bien différente. Plus semblable à un boulevard parisien qu’aux rues de Stockholm qu’on a arpentées jusqu’ici, il nous suffit de nous éloigner de quelques pas pour retrouver l’architecture propre à cette ville. 

13h45 : Arrivés sur place le personnel nous informe que le restaurant n’ouvre que ce soir. Un peu déçus, on se résout à faire demi-tour et j’en profite pour proposer à mon amoureux de manger dans l’un des restaurants qu’il a réparé ce matin, à l’ambiance viking. Une fois de plus on essuie un échec. Il est fermé et n’ouvre que ce soir lui aussi. Tous ces commerces fermés commencent à m’agacer, l’heure tourne, bientôt on ne sera plus servis nulle part. Je tente une dernière fois de regarder dans ma bible, cette fois-ci c’est la bonne, nous somme accueillis dans un restaurant totalement vide, mais bien au chaud on commande du Renstek (renne en sauce) pour Alex et des Köttbullar (boulettes de viande) pour moi ; deux spécialités d’ici. Pour ma part, bien que ça soit notre seul repas du séjour en restaurant je ne me régale pas, Alex par contre s’en lècherais les doigts s’il le pouvait. 

14h30 : Monsieur était un grand fan de café et les Suédois de vrais maîtres en la matière, j’ai repéré un des cafés les mieux réputés de la ville il y a quelques jours. Malheureusement, là où on est ça nous fait trop de marche pour le peu d’heures de jour qu’il nous reste. On se rabat sur le café Dox, à peine sortis de table, pour s’engouffrer dans une cave rempli de canapés dépareillés plus accueillant les uns que les autres. C’est, semble-t-il, le coin de rendez-vous idéal pour les jeunes amoureux. Il n’y a que des couples autour de nous, et sans faire exception à la règle, on se love l’un contre l’autre pour digérer les desserts qui nous sont servis. Je prends un kannelbullar (roulé à la cannelle) et une pâtisserie verte au nom inconnu. Ce sont également deux spécialités d’ici. Je croque dans la pâte d’amande verte et recrache presque aussitôt : mon Dieu, de la liqueur. Je me rabat sur le roulé qui lui est très bon. 

15h30 : Après quelques chamailleries on lézarde dans les rues avant de faire toutes les boutiques de souvenir dans le but de me trouver un porte-clé. Chose faite, on fait le tour du château royal et le prix de la visite suffit à nous décourager pour admirer ses appartements. La garde royale est semblable à celle que j’avais pu observer quand j’étais plus jeune, en Angleterre. Droit comme des i, ils ne mouftent pas malgré le froid qui doit les assaillir de toute part. 

17h : La fin de la journée et de notre voyage approche, on doit chasser le diner de ce soir. On cherche une grande surface un peu partout et après une petite dizaine de détours je suis sans appel : j’adore Stockholm. Il y a des boutiques de bonbon partout ! Un vrai paradis. Par contre niveau alimentaire on a bien du mal à trouver. Une fois chose faite on arpente les rayons sans grande conviction à la recherche d’idées pour notre repas. Je propose de manger sushi et ma proposition fait l’unanimité. On commence donc à prendre la route du retour mais avant ça il faut qu’on demande des renseignements quant à notre itinéraire de demain. Alex demande aux employés prévus à cet effet, et la personne à qui il s’adresse se tourne vers moi et me dis dans un français parfait “Il parle bien anglais hein ?”. Je pouffe de rire, pendant qu’il commence à nous donner les informations dont on a besoin. 

19h : De retour dans notre Rb&b on se douche avant d’aller chercher les sushis. Il y a une boutique juste en bas. À tel point que pour quelques mètres, je décide d’y aller en pull. Erreur. Il a de la lumière mais la porte est fermée et personne ne nous répond. On cherche un autre sushi et le plus proche est à 500 mètres. J’aurais presque envie de courir tant il fait froid. 

Arrivés là-bas on tombe face à une petite famille de Japonais entrain de manger. Ceux-ci ne parlent que suédois visiblement et la communication est difficile. Malgré tout on repart avec plus de chose que prévu puisque, par gentillesse, on se voit offrir une soupe miso chacun et des beignets de crevettes. De retour dans notre lit, nos petits plaisirs sont rapidement engloutis, et nous bien endormis. 

22h : Demain une grosse journée de voyage nous attend, après calcul on affrontera : le bus, puis la navette, l’avion, encore une navette, le métro, le train, le tram, et enfin la voiture avant d’arriver à notre destination.

 

J 5

 

2h30 : Impitoyable, le réveil sonne. Sans plus traîner on s’extirpe du lit et je range pendant qu’Aymeric petit déjeune. Il est trop tôt pour moi. 

2h55 : Il est déjà l’heure de prendre la route. Toujours habillés chaudement on se dirige vers notre bus en croisant les doigts pour que tout se passe comme prévu. 

3h10 : Le bus devrait être là. Pas de stress, on a prévu un plan de secours, et c’est un bus : il arrivera peut-être dans quelques minutes. On décide de se laisser 5 minutes supplémentaires avant de paniquer. 

3h13 : Victoire ! Le bus est là. 

3h35 : Notre première étape d’une longue journée de voyage nous dépose à la station centrale de la capitale. 

4h : La navette pour l’aéroport est arrivée, et une fois bien installés on se rendort déjà. 

5h20 : A l’aéroport, on débute par les contrôles avant de prendre un petit dej une fois les douanes passées. Je n’ai toujours pas très faim, une viennoiserie et un jus d’oranges pressées feront l’affaire. 

7h : Les roues de l’avion quittent le sol, et je m’envole vers de nouvelles aventures. 

 

Fin.

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