J 25
9h : Direction Toronto ! J’embrasse ma louve un petit pincement au coeur avant de partir pour la capitale.
11h : Toronto a construit la tour la plus haute du monde. Evidement ça n’a duré qu’une période, le temps qu’une pays plus vaniteux s’empresse de battre le record, mais je me trouve tout petite, en dessous de la CN (Canadian Nationale) Tower avant de continuer notre chemin vers l’Art Gallery of Ontario.
13h : Bon, l’art j’ai jamais été fan. Enfin l’art contemporain je veux dire. J’ai beau m’efforcer d’y accorder de l’intérêt c’est comme la politique, ça me passe au dessus de la tête et j’ai l’impression qu’on fait de longues phrases pour ne rien dire, et que tout est interprété comme si tout était calculé : « Constatez la profondeur du noir qui dépeint la clarté avec laquelle l’artiste voit la vie », « A travers ce long bout de bois nous pouvons admirer le long chemin parcouru par le sculpteur », « Nous sommes en guerre ». Oups non pardon je mélange tout. Chaque chose à sa place, et je ne remettrais jamais en cause l’importance de ces deux domaines dans notre vie d’aujourd’hui, mais c’est comme la discipline de l’échographie : ça ne m’intéresse pas vraiment.
14h30 : Restaurant de dumplings pour ce midi. Le meilleur du quartier apparemment, et ça justifie la salle bondée ainsi que la file d’attente. Il neige et la température doit avoisiner les -10°, heureusement on est pas obligés d’attendre dehors. La rapidité du service semble tenir à une chose étonnante : la table est dressée sur une dizaine de nappe en plastique qui se voient emballer l’intégralité de la table à la fin de chaque repas, pour pouvoir y installer le nouveau dressage. On emballe assiette, baguettes, verres et plat dans ce plastique et hop en voilà une propre. Curieux mais efficace comme façon de faire.
15h30 : Le Kensington quarter (à prononcer avec l’accent anglais - américain bien sur-) semble être plongé dans une boule à neige. De gros flocons tombent au ralenti sur la vie mouvementée d’un quartier actif, mélangeant origines et horizons. C’est magique.
J 26
9h : Carrie est à nouveau partie avec Ode (le gentle giant) chez le vétérinaire. En attendant je m’attèle à nettoyer la cage des poules. Je pellete (si, si ça s’écrit comme ça, j’ai vérifié), remplie plusieurs brouettes, creuse la neige, recouvre, bref, tout ça tiens chaud. Me voilà en véritable fermière, boots et débardeur au milieu d’un champ de neige du caca de poule plein les mains.
10h30 : Carrie n’est pas encore rentrée. J’en profite pour avancer le travail en nettoyant le Airb&b puis on commence à nettoyer l’abris des moutons une fois qu’elle est de retour. Thaïs la fermière est de retour aussi, une fourche à la main à piquer le foin. J’ai parfois l’impression d’incarner un personnage de « la petite maison dans la prairie » : faudra que je me fasse des tresses la prochaine fois.
12h30 : Une fois que mes mains sont couvertes de caca de poule ET de moutons on porte une bonne vingtaine de ballots de foins reçus dans la soirée d’hier. Ça doit bien faire 15 kilos ces machins là. En fin de mission je crois avoir de la paille jusqu’où je n’en ai jamais eu.
19h30 : Des bananes vont se perdre ? Pas de panique, Thaïs la malice est dans la place : un peu de rhum, beaucoup de beurre, et j’enflamme la cuisine pour des bananes flambées. Carrie s’extasie, et j’admire un grand sourire sur chacun des visages de la table.
20h : A force de discussions à propos de Mayotte je finis par montrer des photos à mes hôtes. Pour eux ce ne sont que des histoires, un pays lointain, l’autre bout du monde. Pour moi c’était ma vie, pendant une année et c’est trop beau pour être ignoré. Je récite mes aventures à Carrie dans un anglais approximatif, je raconte les paysages, mes patientes, et ces petits êtres que j’ai vu naître ou mourir entre mes mains. Je montre le mont Chungui et les copains, la digue et les dauphins. Elle s’émerveille comme si je parlais d’un rêve, de quelque chose qui lui paraîtrait si lointain qu’il a l’air de ne pas être réel.
J 27
7h30 : J’opte pour un réveil au pain perdu. Et comme il faut utiliser les oeufs qui commencent à s’amonceler je prépare une mousse au chocolat en plus. La recette la plus simple du monde : 6 oeufs, 60g de sucre, une tablette de chocolat, et le tour est joué.
9h : La mission d’aujourd’hui n’est autre que d’enduire de grandes découpes de bois. Je m’applique tout en rangeant ma deuxième main dès que je peux au fond de ma poche. La température est négative, et ma main droite commence à s’engourdir.
11h : Une fois chose fait j’aide à préparer l’arriver des prochains AirB&b : ils ont fait la demande de se servir de la baignoire qui trône devant le petit chalet. J’observe un peu curieuse la façon dont elle réalise ça puis donne un coup de pouce : un petit espace (très petit) permet d’installer juste de quoi démarrer un feu sous la baignoire. On commence aussi un deuxième foyer, quelques mètres plus loin, plus grand, dans la neige, et le spectacle est magnifique : un chalet de bois, 30 cm de neige qui recouvre tout d’une fine couverture, un grand feu et une baignoire fumante. Qui veut venir ?
20h : Je ne pensais pas qu’il était possible de faire autant plaisir avec une recette aussi simple. Visiblement la mousse au chocolat ne court pas les rues pas ici, toute la petite famille semble ravie.
J 28
14h : Un marteau dans la main, des clous dans la poche et une scie circulaire sous le bras, je retourne prendre des mesures pour achever les finitions de notre chantier. C’est satisfaisant tout ça, quand ça rentre au millimètre près, que c’est jolie et que c’est moi qui l’ai fait. Carrie me raconte ses rêves, sa vie, sa maternité, ses inquiétudes, et moi je comprends (presque) tout. Aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir fait des progrès, demain peut être que je pressentirais le contraire, mais je crois que c’est normal.
20h : J’ai passé ma journée la tête dans les schémas électriques du van. Pas de doute c’est vraiment la partie la plus compliqué de ce qui m’attend. Panneaux solaires monocristallins, régulateur MPTT, convertisseur de tension, coupleur séparateur, prise P17, normes VASP, blocs fusibles, disjoncteur différentiel, section de câble, GEL ou AGM, ampères, watts et volts : c’est chinois pour vous ? Pour moi aussi ! À 19h je ferme mon ordinateur, j’ai la tête qui va exploser il est temps de faire une pause.



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Commentaires
Tu es montée à la tour CN ?….. tu peux marcher sur des plaques en verre…. C’est magique ! Quand il n’y a pas les nuages en toi et le sol !!!😂