J 14

Publié le 2 mars 2022 à 23:00

7h15 : Difficile de commencer la journée en connectant mes neurones encore endormis pour aligner plus de quatre mots d’affilés. Un peu dans le brouillard c’est encore plus difficile de comprendre ce canadiens aux origines indigènes qui déjeune face à moi. J’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur pour ça, mais je ne pense pas. 

8h : Café, p’tit dèj des poules, repas des moutons, puis le notre. Il me semble que c’est plutôt agréable de s’adapter à ce genre de rituel. 

9h : Carrie semble très préoccupée à propos de l’Ukraine. Je pense qu’elle n’est pas inquiète à propos des conséquences que la guerre pourrait avoir sur sa famille, mais plutôt qu’elle s’identifie à toutes ces mères Ukrainienne et Russes voyant leurs fils et leurs maris partir se battre pour des convictions qui ne sont pas les-leurs. Elle me montre les larmes aux yeux cette vidéo qu’elle a vu ce matin, d’un garçon apprenant par téléphone à sa maman qu’il est prisonnier, il pleur, et il a l’âge de son fils. Carrie a l’air d’une immense compassion, elle doit être un sacré personnage, mais profondément quelqu’un de bien. Elle fait partie de ce genre de personnes qui dégage quelque chose de sain, cette aura qui vous fait vous sentir serein auprès d’elle. Elle semble avoir un profond gout pour le partage, je crois que c’est l’une des personnes les plus gentilles que j’ai jamais rencontré et c’est fou de se dire qu’elle peut laisser transparaitre ce genre d’émotion alors qu’on ne parle même pas la même langue. Malgré tout j’ai toujours cette petit voix dans ma tête, qui essaye de me faire flipper, qui me dis que c’est peut être le début, que les choses peuvent changer. J’espère réussir à me prouver le contraire. 

10h : Mission du jour : Couper du bois. Au prochain mec qui me dira que « j’ai besoin d’un homme dans ma vie » je lui répondrais d’aller se faire voir. Qui a déjà coupé du bois à la hache par -15° ? Qui a dit qu’on avait BESOIN de testostérone ? On peut en avoir envie, certes, mais c’est bien différent. Je me remémore cette conversation que j’ai eu il n’y a pas si longtemps avec mon paternel qui me soutenait de son regard bien veillant que certains travaux étaient plus faits pour les hommes, et que, par compensation certains étaient effectués par les femmes. Je m’étendrais pas plus là dessus, mais vous avez compris mon point de vu. Trop féministe pour vous ? Désolée je m’égare, mais j’ai du mal à entendre ce genre de discours et je crois que ma génération à une place importante dans toutes ces remises en questions. Il me semble qu’avant, on avait peut être moins le temps de se questionner sur ce genre de sujet, mais maintenant qu’on peut le faire, pourquoi pas ? 

12h : Revenons à nos moutons. Ça réchauffe tout ça évidement, et ça creuse l’estomac. Malheureusement je ne suis pas la seule à qui ça a donné faim visiblement puisqu’Oïkia s’est goinfrée de caca de poule et vient de tout revomir sur mon lit. La honte. J’essaye de tout nettoyer discrètement, mais c’est peine perdue, ma chambre empeste la merde de chicken et une belle flaque de cette délicieuse odeur a traversé les 4 couches de mes draps. Super. 

14h : Nouvelles activités pour cette après-midi, production de shampoing solide et nettoyage de la maison au fur et à mesure qu’Oïkia la repeint avec le contenu de son estomac, beaucoup moins solide. Carrie m’apprend les différentes étapes de la recette (du shampoing bien sur) que je m’applique à exécuter. Huile de castor, huile d’argan, huile essentielle de lavande fait maison, cire des abeilles du voisin, graisses animales, tout est mélangé, porté à 120° puis remixé avec un peu de produit chimique qui assurera le rôle de détergent. On met tout ça dans de jolis moules et tadaaa, on peut attendre encore quelques jours pour voir le résultat. 

16h : Oïkia a vomit un peu partout, mais semble aller bien. A part être morte de honte, je ne m’inquiète pas plus que ça, elle est comme sa mère et vomit facilement. Au moins elle  ne recommencera pas de si tôt. 

17h : Il neige beaucoup dehors, ça me donne l’impression d’être au milieu de nulle part, protégée du blizzard, bien au chaud dans une maison agréable. 

18h : Je n’ai toujours pas eu le temps de me pencher sur les plans du van. Tant pis ça sera pour demain, en attendant je continue à vous écrire, et à corriger, et à organiser ce joyeux bordel.

19h : John cuisine les poissons qu’il a ramené victorieusement hier. Pour accompagner tout ça Carrie me fait découvrir une courge nommée « spaghettis squash » qu’elle cuira au four une bonne heure à 350 Fahrenheit (180° celsius pour les curieux) avec une bonne dose de beurre, et un peu d’ail. Ça risque d’être délicieux.  

19h30 : Nous mangeons en famille, loin de la mienne, mais comme si je faisais partie de la maison. 

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