J 12

Publié le 28 février 2022 à 23:00

11h : Adrianne attend le matériel qui doit lui être livré d’un instant à l’autre pour pouvoir se mettre à travailler. Pour patienter rien de mieux qu’un « Monopoly des tricheurs », auquel mon amie se révélera meilleure que moi, pourtant dans ce domaine, je me défend plutôt bien. 

13h : Il me reste un peu de temps pour aller faire quelques emplettes avant de prendre la route. Je me dirige seule vers le plus grand Carrefour que je n’aurais jamais vu. Fact fun, ici il existe des endroits dédiés aux familles, et en particulier des pour l’allaitement. Je trouve que l’idée est bonne et l’intention est louable mais je m’interroge tout de même. Est ce que c’est une façon d’offrir un peu d’intimité à celles qui le souhaitent, ou une façon de les mettre à l’écart ? Si c’est pour leur confort, c’est admirable, mais je pense qu’il n’y a qu’en banalisant cet acte aussi vieux que le monde que les mentalités finiront par changer. Aussi, j’avais été scandalisée d’apprendre à l’époque qu’à Montpellier même, une mère s’était fait mettre dehors par la sécurité d’une boutique des Transport de l’Agglomération de Montpellier, en plein été, lorsqu’il ne faisait pas moins de 35°, par ce que « son allaitement pouvait déranger des clients ». Je crois que si j’avais été à la place de cette malheureuse, l’homme qui se serait permis de me dire une chose pareille se serait reçu un jais de lait maternel dans la tronche. 

14h : Après avoir passé mon chemin je trouve ce pourquoi je suis venue jusqu’ici. Adrianne m’a vendu les mérites d’une boutique nommée Just Cosy, qui vend des merveilles de leggings fourrés. A 15$ l’article je me lâche plus que prévu et ne repars pas seulement avec 2 pantalons prévus mais avec, en plus, une paire de chausson et une de gants. Vous connaissez la fameuse matière qui donne envie de se pelotonner dans son canapé instantanément avec un chocolat chaud… Si vous aviez pu touché ces moumoutes vous aussi vous auriez craqué ! 

15h : J’ai prévu un peu de marge pour avoir le temps de rentrer à la maison et d’être à l’heure à notre rendez-vous de covoiturage, même en cas d’imprévu. J’ai réussi à prévoir l’imprévisible puisque le métro a 25 minutes de retard., pile à l’heure pour boucler mes valises et dire au revoir à mes hôtes Montréalais. 

16h30 : Les bagages peinent à rentrer dans l’Uber, j’espère qu’il n’y aura pas de problème pour caser tout ça avec 6 covoitureurs. Pour parer au problème j’ai réservé deux places, et j’ai payé pour ça bien sur, mais c’est le jeu. 180$ de Poparise (Blablacar français), et 30$ de taxi pour rejoindre Castleton qui m’accueillera pendant les quatre prochaines semaines. 

17h : C’est rentré à un poil de cul. La grande caisse de voyage de la louve, ma grosse valise, et mon sac de trek bien casés dans le coffre, Oïkia et moi on se faufile à l’arrière de la voiture et ne bougeons pas, ou presque, jusqu’à destination. La tête posée contre la vitre, j’ai de la musique dans les oreilles et des étoiles dans les yeux. Une nouvelle fois je réalise à quel point je suis heureuse, et chanceuse d’avoir cette vie. Je crois que j’arrête pas de rêver. Mieux : j’arrête pas de réaliser mes rêves. J’ai encore un milliard de projets dans la tête, mais je me sens portée par celui vers lequel je roule. Je suis entrain de faire la chose la plus risquée de ma vie, et j’adore ça. Partir élever des poules au fin fond du canada, dans une famille inconnue qui ne parle pas ma langue ? I do it. Le petit démon sur mon épaule me chuchote « Méfie toi, autant ils ne t’aimeront pas, ou en auront marre d’avoir du mal à te comprendre. Et s’ils sont méchants ? T’aura l’air bien bête ! C’est quoi ton plan de secours ? Nada. Va s’y continue à foncer tête baissée, bécasse. » Je le fait taire. A quoi bon l’écouter, maintenant que j’en suis là pas question de faire machine arrière. « Oui, mais souviens toi des tes angoisses, de ces crises qui te prennent et te paralysent quand tu arrives dans un nouvel endroit ». Ta gueule ! On n’a pas de pire ennemi que soit même, alors j’ai décidé de me faire mon alliée depuis quelques temps. J’ignore si c’est l’âge, mais j’ai cette impression galvanisante que depuis quelques temps le monde est à porté de main. J’aimerais apprendre l’anglais, l’espagnols, des dialectes d’Afriques, apprendre à écouter les autres et leurs besoins, aider et être à la bonne place pour ça, voyager et découvrir les dizaines de dizaines de civilisations différentes, leurs cultures et leur coutumes. J’aimerais m’épanouir en explorant le monde et les autres, grandir en faisant s’élever mes égaux qui sont tous si différents. J’aimerais être sage-femme, pompier, journaliste, guérisseuse, psychologue, assistance sociale, justicière, écrivain, cuisinière. Le monde à l'air si proche et pourtant tellement grand, qu’il parait impossible d’envisager même de réussir à concevoir espérer toucher du doigts les prémices de toutes les merveilles dont il regorge. Je rêve en grand, mais j’ai toute une vie pour essayer. « C’est le voyage qui compte, par la destination" paraît-il. Alors voyageons. 

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.

Créez votre propre site internet avec Webador