4h : Ça faisait bien longtemps que je ne m’étais pas levée aussi tôt. Oïkia est déjà debout puisque sa petite truffe ne me rejoint pas pour notre rituel du câlin matinal.
4h30 : S’évanouir dans la nuit commence à devenir une habitude. Comme si cette ambiance si spéciale du moment trop tard pour être le soir, et trop tôt pour être le matin était synonyme de nouvelles aventures. Ma petite maman est toujours là pour me dire au revoir en m’amenant à la gare, moitié pour un dernier bisous, moitié pour se rassurer toutes les deux.
5h02 : Pas de temps à perdre mon train part dans 10 minutes. La grosse valise de 25 Kg a trouvé sa place dans la caisse de transport de la louve, le sac de treck bien en place sur mes épaules on s’élance toutes les trois vers l’escalier menant vers l’extérieur du quai, faute ascenseur disponible. Maman porte l’arrière de la caisse, je prend l’avant et ordonne à Oïkia de rester près de nous.
5h08 : La grille est fermée. Un rapide coup d’œil à l’heure me suffit pour comprendre que nous n’avons pas le luxe de réfléchir plus longtemps : il faut remonter les escaliers qui viennent de nous essouffler et traverser la gare pour accéder au quai par l’intérieur. A ce stade il faut courir : « Prends Oïkia, je m’occupe de la caisse ! », arrivées en haut à bout de souffles nos peines ne s’arrêtent pas là : la porte s’ouvre en sens unique, et évidement pas dans le nôtre. Foutu sens de circulation Covid, à force de faire des détours je vais finir par rater mon train. Maman, désespérée et voyant l’horloge tourner, fait de grand signe type SOS aux quelques personnes qui se trouvent à l’intérieur. Sans s’en apercevoir la porte s’est ouverte d’elle même et j’éclate de rire en m’engouffrant dans l’ouverture en la voyant continuer son mayday comme une malheureuse. Tout à coup la caisse, dont les roulettes sont essentielles à notre bonne progression, coince. Je mets la main rapidement pour voir ce qui cloche et regrette vite mon geste : une roue a sautée dans la course et je me brûle la peau sur le fer chauffé par le frottement. Pas le temp d’avoir mal, il faut avancer. J’ai chaud, maman stress, Oïkia suit comme une championne. Troisième escalier, il faut descendre, si cette foutue caisse ne roule pas elle va glisser mais hors de question que l’aventure commence par un échec.
05h12 : « Vite mademoiselle, vite ! ». « Le train à destination de Paris Gare de Lyon, voie A, va partir. Attention à la fermeture automatique des portes ». Je sers à la hate mon pilier dans mes bras, lance un « je t’aime » un peu pressé après un unique et dernier bisou et saute dans le train.
5h20 : Ma meilleure alliée, habituée des trains et des baroudages en général, trouve sa place à mes pieds sans que j’ai à fournir le moindre effort et se fera oublier jusqu’à notre arrivée. J’ai mal à la main. Après examen plus approfondi je me suis bien brûlée : deux belles cloques dans la paume et sur mon majeur marqueront ce départ un peu hâtif.
8h40 : « Notre train à destination de Paris Gare de Lyon va entrer en gare ». Je me suis endormie après avoir cherché pendant trois quarts d’heure de nouvelles roulettes à faire livrer à destination. Sans perdre de temps je rassemble mes affaires et mes esprits pour penser efficacité : traverser la Gare sur trois roues, trouver un taxi qui veuille bien d’une poilue, et rejoindre l’aéroport Charles de Gaulle.
10h05 : UberPet est fait pour nous. Ce service bien connu a ouvert ses portes depuis peu aux courses accompagnées de nos amis les bêtes moyennant un petit supplément.
10h20 : Oïkia ne voyagera pas seule. Une petite famille, manifestement inquiète de ce grand départ, m’informe que 3 chiens (y compris le leur) partent pour Montréal. Je retrouve le regard inquiet de ma petite maman chez la mère de famille que je vois devant moi, les larmes au bord des yeux de devoir dire au revoir à sa fille qui s’envole pour 2 ans de « Permis Vacances Travail ». Je tente de la rassurer avant de les laisser pour aller finir de nous enregistrer.
11h : Ma louve embarque avant les humains, comme d’habitude je la vois partir le cœur serré. « On se retrouve vite mon bébé. » En attendant je flâne dans les duty free en faisant quelques emplettes pour mes hôtes. Du fromage pour Adrianne, et des macarons pour ma future famille d’accueil feront très bien l’affaire. Lorgnant une boîte de biscuit que je n’avais pas vue je me trouve déjà dans l’obligation d’employer mon anglais tant redouté « Scuse me, where are you find this, please? » (excuse moi, ou es tu trouvé ça, s’il te plaît ?) je demande au monsieur devant moi. Répétant mon erreur il fini par comprendre et m’indiquer ce que je cherche. Il faut surtout que je cherche à progresser par ce qu’on est pas dans la merde avec ce niveau d’anglais. Quelques secondes plus tard seulement je me rends compte de mon erreur et de la catastrophe imminente de mon arrivée dans ce pays qui ne parle pas ma langue.
13h20 : Bien installée au fond de mon fauteuil, je m’envole vers de nouvelles aventures.
20h26 : J’arrive dans 45 minutes et viens seulement de réaliser ce que je suis entrain de faire. Pour une fois l’excitation prend le pas sur l’inquiétude, après tout qu’est ce que je risque à part des histoires à raconter ? Ma meilleure amie est avec moi, ici, ensemble, il ne peut rien nous arriver. J’ai hâte d’atterrir, hâte de goûter à tout ça, de manger du sirop d’érable et de courir dans la neige, d’avoir trop froid et te rencontrer des gens à l’accent bizarre qui m’appelleront « la française de France », de grandir et d’apprendre. Par ce qu’après tout je fais tout ça pour ça, et une fois de plus je réalise à quel point je suis heureuse et chanceuse d’avoir choisi et d’avoir pu choisir cette vie.
20h30 : Fait pas trop la belle Thaïs, dans 3 jours tu vas pleurer en appelant ta maman par ce que tu paniques. Comme d’hab.
21h : Je trépignes comme une gamine qui va à la piscine. Vous savez cette excitation simple et débordante qui vous fait vous sentir tout léger ? Qui gazouille dans le ventre et vous fait sourire comme un idiot ? En plein dans l’mille.
21h02 : L’annonce de l’atterrissage imminent se fait entendre. J’ouvre le hublot par automatisme et découvre ébahie de vastes étendues parsemées de couvertures blanches, l’immensité de cette terre inconnue s’étale sous mes ailes, et bientôt, dans quelques instants, je pourrais la parcourir.
16h heure locale (22h en métropole) : Maintenant il va falloir prouver au gentil monsieur de l’immigration que je ne suis pas une terroriste. Non je ne transporte pas d’arme avec moi, non je ne vais pas travailler au black, non je ne transporte rien d’illégal. Ah si, visiblement l’importation de petits bâtonnets de saucisson c’est interdit ici. Je me les vois confisqués et dois même déclarer mon fromage.
17h : Après un bon moment à attendre mon « hors format » préféré (Oïkia) j’engage la conversation avec un couple qui semble patienter aussi. Jason et Ambre viennent s’installer ici après avoir parcouru l’Australie. Ils ont trouvé du travail et commence une nouvelle vie avec leur chat qui a voyagé avec nous. Après une bonne demi heure de discussion et une plaisanterie de « autant on attend pas au bon endroit », je m’aperçois qu’effectivement, Oïkia attend sagement dans sa cage depuis tout ce temps, après avoir été déposée plus loin. Je salue les voyageurs et me dirige à la hâte vers la douane pour payer la taxe dont je dois m’acquitter pour faire entrer ma meilleure amie sur le territoire. 35$ (ce sont des dollars canadiens ici) plus tard je rejoins Adrianne qui vient d’arriver dehors. Après un gros câlin surexcité on charge le tout dans le coffre et prenons direction de la maison dans une voiture en libre service. Je m’émerveille de cette invention : tout comme les trottinettes à Marseille ou les vélos à Montpellier, ici on peut emprunter une voiture avec sa carte d’abonnement et la déposer où bon nous semble. Grâce à une application d’autres utilisateurs pourront s’en resservir en géolocalisant « l’auto » la plus proche de leur point de départ.
17h30 : Oïkia rencontre Spyke, gros chien nounours d’Adrianne et Raphaël qui nous accueillerons les 10 prochains jours. En même temps que leur rencontre ma louve découvre la neige. Elle ne semble pas y prêter plus d’attention que ça, comme si ça lui paraissait naturel. Ses petites pattes foulent le lit blanc sans y laisser de trace, et elle invite déjà son nouveau compagnon au jeu.
22h30 : Il est tard pour moi mais l’excitation de mon arrivée m’a maintenue éveillée sans trop lutter. Il est l’heure de dormir, et malheur… la série Friends ne m’endormira pas comme chaque soir, étant visiblement absente de la plateforme Netflix au canada.






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Commentaires
J'adore ce site
bonjour....😀😉
tarte au pomme et patati et patata